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Calliope | Università di Corsica

Barcelone, la porte de la Méditerranée

Barcelone est une ville qui s’est développée au débouché des voies naturelles catalanes que sont le Llobregat au Sud et Besós au Nord, deux rivières dont les vallées se prolongent jusqu’au plus haut des Pyrénées. De plus, cette ville se situe, dans la seule région commodément pénétrable depuis la mer dans toute la façade espagnole sur la Méditerranée. Il s’agit donc d’un point stratégique lui permettant de croître en faisant développer son commerce vers l’intérieur (via les rivières) tout comme vers l’extérieur du pays. Elle devint ainsi l’organe d’échange entre l’Espagne et l’Europe ou le Proche-Orient méditerranéen, et fut considérée comme le port espagnol de la Méditerranée.

Port de Barcelona, gravat de Joseph Friedrich Leopold (ca. 1720)

Cette appellation lui fut donnée d’autant plus que, lorsque les provinces catalanes tombèrent sous la domination des rois castillans, et en particulier sous Isabelle la Catholique (1451 - 1504) qui interdit le commerce des catalans avec l’Amérique, la centralisation frénétique au profit de Madrid contraignait Barcelone à se borner au commerce méditerranéen que les grandes routes maritimes délaissaient. Cette interdiction ne sera levée qu'en 1778. Du XVème au XVIIIème siècle, son empire maritime s’étendait sur les Baléares, la Corse, la Sardaigne, jusque sur les duchés d’Athènes.

Le Lamentu di e Sette Galere est une tradition qui daterait du XVIIème siècle et qui raconte le naufrage de sept navires en provenance de Barcelone partis pour Gênes qui se seraient échoués au large du Cap Corse. Il s'agit d'une tradition poétique orale, issue d'un texte anonyme toscan, qui fut ensuite transmise en 1911 par Austin de Croze dans un recueil de chants traditionnels de la Corse. Celle-ci démontre que l’élan créateur ne s’appuie pas uniquement sur des thèmes et des phénomènes ethno-centrés mais qu'au contraire, il pénètre une dynamique territoriale bien plus vaste qui comprend une diversité de cultures et d’enjeux qui transparaissent à travers les chanteurs, et qui les dépasse. Cette création participe néanmoins à la dynamique de circulations méditerranéennes où se réunissent l’Espagne, la Corse et l’Italie, dans un patrimoine universel qu’est le chant du lamento.

Sources : 

Canihac Gérard. L'activité maritime de Barcelone. In: Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, tome 5, fascicule 2,1934. pp. 168-206;

Vilar Pierre. Le port de Barcelone. In: Annales de Géographie, t. 43, n°245, 1934. pp. 489-509;

Page mise à jour le 15/03/2021 par BENJAMIN BOURGEOIS