Byzance, frontière entre Orient et Occident
On connaît plusieurs versions de l’épopée de Digenis, transmise par écrit dans plusieurs langues mais aussi sous forme de tradition orale dans les chants dits « akritiques » par référence au nom attribué aux akrites, gardiens des zones frontalières du monde byzantin.
C’est précisément au XIIème siècle que semble être écrit le Digenis Akritas, au sein d’un monde byzantin en déclin. Le Digenis, lui-même vraisemblablement conçu à partir de plusieurs traditions populaires byzantines, matériau multiple, est la réunification par la forme, et par le fond (Digenis est un homme issu d’une ascendance pluriculturelle : la culture Arabe et la culture Byzantine), d’une effervescente diversité à l’intérieur de l’Empire. Des régions qui avaient leurs caractères propres et des coutumes différentes, se sont vu cousues ensemble grâce à l’initiative d’un homme cultivé qui connaissait les techniques de l’enseignement rhétorique, et qui les mit au service de la culture populaire. Ensuite viennent les multiples adaptations et remaniements selon les époques.
La diffusion du poème dans un espace très large, qui s’étend de l’Euphrate à la Russie de Kiev, démontre sa capacité d’adaptations à différentes réalités, à différents milieux. Ce pourquoi on lui répertoria tant de modifications, de traductions, de réinterprétations, témoignage vivant d’une culture aux aspects parfois étonnants, qui a imprégné de ses valeurs tout le Sud-Est européen. Il est une partie intégrante de notre civilisation méditerranéenne.